Paru le: 30-03-2019
Editeur: Les éditions Ovadia
Isbn: 978-2-36392-305-9
Ean: 9782363923059
Prix: 35 €
Caractéristiques:
670 pages
Genre: Littérature générale
Thème: Essais
Thèmes associés:
Le temps des livres est passé
D’ailleurs le temps des livres est passé, passé sans retour…
Spécialiste de Georges Bernanos, Juan Asensio est l’auteur de cinq ouvrages et de plusieurs préfaces qui tentent d’explorer les liens complexes unissant la littérature et les manifestations du démoniaque.
Depuis sa création au mois de mars 2004, le blog Stalker sous-titré Dissection du cadavre de la littérature a acquis une réelle audience en raison de l’exigence des travaux qui y sont publiés, point tous de l’auteur d’ailleurs, mais aussi du ton polémique de certains des articles qui y paraissent. Cette zone où les belles découvertes et les grandes surprises abondent tout autant que les dangers est devenue au fil des ans et d’un travail acharné une espèce de bibliothèque de survie désormais labyrinthique, un espace de parole qui rappelle une évidence aujourd’hui cruellement moquée : nul ne devrait écrire pour rire. Nous pourrions même prétendre de façon ironique, bien évidemment contre la réalité qui s’étale de façon quotidienne sous nos yeux, que nul ne devrait écrire qui ne sait écrire.
Le livre présent ne comporte cependant aucun de ces textes au ton virulent et qui osent ruiner les assurances si comiquement prétentieuses de tant de nos écrivants – bien davantage qu’écrivains – contemporains, relayés par des pseudo-critiques ne sachant plus rien faire d’autre que recopier de creuses fadaises journalistiques appelées « argumentaires » et autres « éléments de langage » qui mériteraient bien davantage d’être qualifiés de langages rudimentaires. C’est la raison pour laquelle cet ouvrage ne regroupe que les textes que nous pourrions dire de pure célébration, même si, bien sûr, l’exigence critique n’est jamais mise de côté, puisque s’y trouvent des analyses sur les œuvres pour le moins aussi variées que profondes de Malcolm Lowry, Ernesto Sabato, Joseph Conrad, W. G. Sebald, William Faulkner, László Krasznahorkai et bien d’autres encore, œuvres remarquables qui toutes tournent autour de ce que José Bergamín appela le monstre du romanesque, sans toutefois jamais devoir tomber dans sa gueule menaçante.
En somme, Le temps des livres est passé se veut une illustration, sombre peut-être mais point complètement désespérée, de la mission que Sainte-Beuve assigna aux critiques littéraires consistant à faire l’office de la vigie, et notre cri de découverte sera lui aussi toujours mêlé d’émotion et de joie.
En un sens, il est presque curieux que me reviennent le soin et l’honneur d’écrire une préface à ce beau recueil. Les textes qui le composent ne sont pas, en effet, ceux par lesquels je suis entré en contact, il y aura bientôt huit ans, avec le vaste travail critique de Juan Asensio. C’est d’abord à ses colères que j’ai eu affaire, à ses humeurs punitives et à ses élans vengeurs. Je n’oublierai pas ce moment de l’année 2010 où, à force de chercher un site littéraire digne de ce nom, j’avais fini par tomber sur Stalker, heureux de découvrir que je n’étais pas seul à déplorer un double effondrement: celui de la littérature française actuelle, dont l’aptitude à toucher le fond s’enrichit sans cesse de nouvelles performances, et celui de la «critique» si mal nommée, qui n’en finit plus d’esquiver sa mission, entre œillades promotionnelles d’un côté et frigidité universitaire de l’autre.